mardi 20 mars 2012

Arche (Stephen Baxter)


Suite de Déluge, Arche en reprend une partie des personnages. Ainsi Grace Gray, transfuge de la troisième arche, apparue au tout début du précédent volume et Holle Groundwater, introduite en toute dernière partie du même livre seront les fils conducteurs de ce roman. A la lecture de la quatrième de couverture (et si, bien sûr, on a lu Déluge), on se doute que ces personnages feront partie de l’équipage de la première arche. Passée l’introduction des personnages, un retour dans le passé, en 2025, permet la mise en place des éléments de l’intrigue. A l’instar de l’opus précédent qui, année après année, nous faisait vivre les événements liés à la montée des eaux, nous allons suivre le déroulement du projet première arche. La redondance de certains éléments déjà décrit dans Déluge s’avérant nécessaire, il faudra parfois relire ce qu’on sait déjà. La mise en place du projet, les avancées technologiques, l’entraînement, le départ, le vol interplanétaire puis interstellaire et, concomitamment à tout cela l’analyse des personnalités parfois complexes, les relations qui s’établiront, qui évolueront  entre les personnages tout au long des années seront tour à tour habilement traités par l’auteur.
Là encore, l’intégration à l’intrigue d’éléments d'actualité, renforce la cohésion et la vraisemblance. On peut notamment citer comme exemple la réserve mondiale de graines du Svalbard, dont l’embarquement à bord de la première arche, en provenance de la troisième, constitue, à mon sens et ce à l’instar des chargement haut débit de dizaines de millions de documents provenant des grandes bibliothèques et musées du Monde, un des moments forts du récit. Cet épisode ainsi que d’autres, ne sont bien sûr pas sans rappeler les scènes du film Le choc des mondes, de Rudolph Maté.
Les retrouvailles avec la mystérieuse deuxième arche dans un lieu improbable, après des dizaines d’années de voyage interstellaire permettront aux navigateurs spatiaux de lever enfin le voile sur cette arche dont le projet est resté le plus mystérieux mais non le moins difficile à mettre en œuvre.
Si quelques incohérences apparaissent (matériel informatique à l’intérieur des trappes de visites sensé résister à des températures de plusieurs milliers de degrés lors de la phase de propulsion nucléaire, morceaux de la coque pouvant être démontée en deux coups de tournevis) elles sont nécessaires au déroulement de l’intrigue et au final comptent peu. 
Plus que le voyage en lui-même et la colonisation de la nouvelle planète, Stephen Baxter a, avec Arche, tenté une approche sociologique d’un microcosme humain contraint de vivre en vase clos dans un espace limité pendant des dizaines d’années. L’évolution des caractères, les interactions, les crises, l’émergence de leaders, qui dans un contexte normal seraient volontairement restés dans l’ombre, sont dépeints avec une vraisemblance parfaite.
Roman extrêmement prenant, Arche démontre une fois de plus, la maîtrise et les capacités de vulgarisation de Stephen Baxter tant dans les domaines scientifique et technologique que dans ceux de la sociologie et de la psychologie. Bien que la structure du roman n'offre aucune surprise, Stephen Baxter, avec ses précédents romans, nous avait habitués à une vision à long terme sur le devenir des sociétés mises en place au terme de ses romans et il est quelque peu frustrant qu’il ne nous ait pas livré sa vision sur le futur possible des descendants des populations des différentes arches.
Il reste dommage qu’à ce jour aucun réalisateur n’ait osé s’attaquer à une des œuvres de Stephen Baxter.
(Article initialement publié sur de terres et de mots... le 8 mars 2012)

Note : 9/10 

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