Suite de Déluge, Arche en reprend une partie des
personnages. Ainsi Grace Gray, transfuge de la troisième arche, apparue au tout
début du précédent volume et Holle Groundwater, introduite en toute dernière
partie du même livre seront les fils conducteurs de ce roman. A la lecture de
la quatrième de couverture (et si, bien sûr, on a lu Déluge), on se doute que
ces personnages feront partie de l’équipage de la première arche. Passée
l’introduction des personnages, un retour dans le passé, en 2025, permet la
mise en place des éléments de l’intrigue. A l’instar de l’opus précédent qui,
année après année, nous faisait vivre les événements liés à la montée des eaux,
nous allons suivre le déroulement du projet première arche. La redondance de
certains éléments déjà décrit dans Déluge s’avérant nécessaire, il faudra
parfois relire ce qu’on sait déjà. La mise en place du projet, les avancées
technologiques, l’entraînement, le départ, le vol interplanétaire puis
interstellaire et, concomitamment à tout cela l’analyse des personnalités
parfois complexes, les relations qui s’établiront, qui évolueront entre
les personnages tout au long des années seront tour à tour habilement traités par
l’auteur.
Là encore, l’intégration à l’intrigue d’éléments
d'actualité, renforce la cohésion et la vraisemblance. On peut notamment citer
comme exemple la réserve mondiale de graines du Svalbard, dont l’embarquement à bord de la première arche, en
provenance de la troisième, constitue, à mon sens et ce à l’instar des
chargement haut débit de dizaines de millions de documents provenant des
grandes bibliothèques et musées du Monde, un des moments forts du récit. Cet
épisode ainsi que d’autres, ne sont bien sûr pas sans rappeler les scènes du
film Le choc des mondes, de Rudolph Maté.
Les retrouvailles avec la mystérieuse deuxième arche dans un
lieu improbable, après des dizaines d’années de voyage interstellaire
permettront aux navigateurs spatiaux de lever enfin le voile sur cette arche
dont le projet est resté le plus mystérieux mais non le moins difficile à
mettre en œuvre.
Si quelques incohérences apparaissent (matériel informatique
à l’intérieur des trappes de visites sensé résister à des températures de
plusieurs milliers de degrés lors de la phase de propulsion nucléaire, morceaux
de la coque pouvant être démontée en deux coups de tournevis) elles sont
nécessaires au déroulement de l’intrigue et au final comptent peu.
Plus que le voyage en lui-même et la colonisation de la
nouvelle planète, Stephen Baxter a, avec Arche, tenté une approche sociologique
d’un microcosme humain contraint de vivre en vase clos dans un espace limité
pendant des dizaines d’années. L’évolution des caractères, les interactions,
les crises, l’émergence de leaders, qui dans un contexte normal seraient
volontairement restés dans l’ombre, sont dépeints avec une vraisemblance
parfaite.
Roman extrêmement prenant, Arche démontre une fois de plus,
la maîtrise et les capacités de vulgarisation de Stephen Baxter tant dans les
domaines scientifique et technologique que dans ceux de la sociologie et de la
psychologie. Bien que la structure du roman n'offre aucune surprise, Stephen
Baxter, avec ses précédents romans, nous avait habitués à une vision à long
terme sur le devenir des sociétés mises en place au terme de ses romans et il
est quelque peu frustrant qu’il ne nous ait pas livré sa vision sur le futur
possible des descendants des populations des différentes arches.
Il reste dommage qu’à ce jour aucun réalisateur n’ait osé
s’attaquer à une des œuvres de Stephen Baxter.
(Article initialement publié sur de terres et de mots... le 8
mars 2012)
Note : 9/10
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