Fin du 23ème siècle, les tensions politiques exacerbées entre
la Terre et Mars ont dégénéré jusqu’au point de non-retour. Les fusées longue
portée ont été lancées de part et d’autre, transportant leur charge
d’antimatière… Placé in extremis dans une capsule de survie, en état de
stase à l’issue d’une banale intervention chirurgicale, Cal ne se réveillera
pas dix jours plus tard sur terre mais des milliers et des milliers d’années
plus tard, son vaisseau, une capsule pénitentiaire, orbitant autour d’une
planète bleue inconnue. Il lui faudra atterrir… et survivre.
Disons-le d’emblée, Le rescapé de la terre n’est pas de la
Hard Science. L'objectif du roman n'est pas de nous faire ingurgiter de grandes
digressions scientifiques, et d'ailleurs il ne s'y essaie même pas ... mais
bien de faire rêver et là, il y réussit pleinement. Si, dans les lignes qui
suivent, je me suis amusé à analyser les incohérences et occultations qui
figurent dans le roman, ce n’est absolument pas pour dénigrer l’auteur (qui
reste un de mes auteurs préférés de SF « à la française ») mais
pour rester honnête vis à vis des autres romans qui figurent dans ce blog. De surcroît les effets, surestimés, que l’on pouvait, à l’époque, attendre
de nouvelles technologies ont été recadrés de nos jours dans un contexte plus
réaliste. Aucune exoplanète n’avait encore été découverte, les seules planètes
connues étant celles du système solaire.
Remontons donc le temps et découvrons celui qui n'était pas
encore connu sous le nom de Cal de Ter…
« La Terre a sauté et Cal se retrouve des
millénaires plus tard sur une planète habitable. »… annonce la
quatrième de couverture. Le style est incisif, fonctionnel, journalistique.
L’auteur va à l’essentiel. Les scènes sont présentées comme un reportage
(on se souvient que l’auteur est journaliste).
Essayons d’analyser quelques situations sans dévoiler
l’intégralité de l’intrigue.
On apprend dans le récit que la Terre a sauté suite à une
guerre éclair entre La Terre et la colonie martienne, conflit dû à un refus de
Mars de livrer du minerai. Pourquoi une telle situation ? Pas besoin de
lancer de fusées antimatière sur une colonie, non auto-suffisante. Il
suffit simplement de décréter un embargo, bien moins dispendieux. Le
fameux concept de l’antimatière mis à toutes les sauces dans la science-fiction
de l’époque (et même aujourd’hui) était considéré comme l’énergie du futur
alors que l’on sait maintenant que sa production nécessiterait plus d’énergie
qu’elle ne pourrait en fournir. Passons sur le mode de propulsion de la capsule
carcérale dans laquelle se retrouve le héros. Quel est-il ? Quid du
système de propulsion : subluminique, transdistorsionnel ?
Quoiqu’il en soit, la taille de la capsule ne permet,
logiquement, aucune de ces deux technologies. Que penser également de la
politique d’envoyer un criminel dans l’espace (puisque le héros a été placé à
son insu dans une telle capsule) ? Outre le coût prohibitif de
l’opération, envoyer un tel individu comme éventuel ambassadeur de la Terre
auprès de populations (humaines ?), semble une aberration, tant sur le
plan financier que sociologique. Contrairement aux bateaux qui déposaient ce
genre d’individus sur une île supposée déserte, ce qui n’entraînait que peu de
dépenses énergétiques, la dépense serait dans ce cas dispendieuse, hors nous
l’avons vu plus haut, les réalités économiques inhérentes à la fourniture de
ressources, ont induit la destruction de la Terre. Si le héros, Cal, est
dépourvu de sentiments belliqueux et minimise au maximum son ingérence avec le
peuple des Vahussis (une des populations indigènes parmi laquelle il s’est
établi) que se serait-il passé si un criminel endurci avait été à sa
place ?
Bien évidemment, il faut se replacer dans le contexte de
l’époque. Un tel roman aurait moins de chances d'être apprécié aujourd’hui
alors que le lectorat est devenu beaucoup plus exigeant quant aux explications
des technologies, aux motivations, aux sentiments des protagonistes, à leur interaction avec le milieu.
Sous son aspect « roman d'aventures », l'auteur nous permet donc de nous interroger sur certaines questions essentielles quant à la rencontre de deux cultures. Le rescapé de la Terre, représentatif d'un courant littéraire héritier du roman feuilleton se lit facilement tout en permettant de se poser quelques questions.
Sous son aspect « roman d'aventures », l'auteur nous permet donc de nous interroger sur certaines questions essentielles quant à la rencontre de deux cultures. Le rescapé de la Terre, représentatif d'un courant littéraire héritier du roman feuilleton se lit facilement tout en permettant de se poser quelques questions.
(Article initialement publié sur de terres et de mots... le 11
mars 2012)
Note 7/10
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