mardi 20 mars 2012

Le triporteur (René Fallet)


Disons-le d’emblée, le roman n’a qu’un très lointain rapport avec le film éponyme qu’il a inspiré. Si le film, outre le protagoniste principal, Antoine Peyralout et son triporteur, reprend certaines des situations du roman, telles la rencontre avec les motards sur la Nationale 7, le travail dans une ferme,  le vieillard cacochyme et la rencontre de la bande de joyeux drilles, le récit de René Fallet fait montre de beaucoup plus de complexité… et de réalisme.
Centré sur le personnage d’Antoine, supporter du club sportif de Vauxbrelles-en-Bourgogne, qui décide de partir en triporteur assister à un match de finale au stade de Colombes (et non à Nice, comme dans le film), le récit en dépeint les multiples péripéties et états d’âme. Cette « balade », cet entracte dans une vie routinière et toute tracée que lui impose son père, s’avèrera être un véritable parcours initiatique pour le jeune homme. Les personnages hauts en couleur qu’il va rencontrer au cours de son périple sont nombreux et semblent posséder des traits communs  qui les caractérisent, à savoir, une joie de vivre marquée, une insouciance du lendemain et…  une allergie marquée au travail. Le vagabond Comme-la-Lune, Mammouth, Madame Coque, Zanzi, Le Duc, Les sœurs Mouche, Popeline, personnages anti-conventionnels ont choisi de vivre dans un endroit qui semble presque onirique, où toute activité liée au travail y semble mal perçue. Cet endroit unique, cette bulle hors du temps et de l’espace conventionnel, loin de notre société avec ses tracas et ses obligations est  le village de Saint-Flebène.  Semblant  paradisiaque aux yeux d’Antoine, celui-ci décide de s’y établir en attendant le jour de la finale...  Vient le grand jour où Antoine part à Colombes. De retour à Saint- Flebène après le match qui a consacré son idole, Dabek Sariéloubal , Antoine constatera à ses dépens que le beau rêve s’est envolé, que la réalité l’a rattrapé…
Roman qui donne beaucoup plus à analyser que son titre ne peut le laisser supposer, Le triporteur peut être vu comme une fable sur notre société, comme une métaphore qui laisse penser que toute fuite, toute échappatoire à notre environnement quotidien ne peut être que temporaire et qu’inexorablement, le quotidien quoique l’on fasse sous-tend à revenir. Ce livre (déniché à cinquante centimes dans une brocante), malheureusement plus édité pour l’instant, est réellement à découvrir.
(Article initialement publié sur de terres et de mots... le 5 mars 2012)

Note : 8/10 

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