Disons-le d’emblée, le roman n’a qu’un très lointain rapport
avec le film éponyme qu’il a inspiré. Si le film, outre le protagoniste
principal, Antoine Peyralout et son triporteur, reprend certaines des
situations du roman, telles la rencontre avec les motards sur la Nationale 7,
le travail dans une ferme, le vieillard cacochyme et la rencontre de la
bande de joyeux drilles, le récit de René Fallet fait montre de beaucoup plus
de complexité… et de réalisme.
Centré sur le personnage d’Antoine, supporter du club
sportif de Vauxbrelles-en-Bourgogne, qui décide de partir en triporteur
assister à un match de finale au stade de Colombes (et non à Nice, comme dans
le film), le récit en dépeint les multiples péripéties et états d’âme. Cette
« balade », cet entracte dans une vie routinière et toute tracée que
lui impose son père, s’avèrera être un véritable parcours initiatique pour le
jeune homme. Les personnages hauts en couleur qu’il va rencontrer au cours de
son périple sont nombreux et semblent posséder des traits communs qui les
caractérisent, à savoir, une joie de vivre marquée, une insouciance du
lendemain et… une allergie marquée au travail. Le vagabond Comme-la-Lune,
Mammouth, Madame Coque, Zanzi, Le Duc, Les sœurs Mouche, Popeline, personnages
anti-conventionnels ont choisi de vivre dans un endroit qui semble presque
onirique, où toute activité liée au travail y semble mal perçue. Cet endroit
unique, cette bulle hors du temps et de l’espace conventionnel, loin de notre
société avec ses tracas et ses obligations est le village de
Saint-Flebène. Semblant paradisiaque aux yeux d’Antoine, celui-ci
décide de s’y établir en attendant le jour de la finale... Vient le grand
jour où Antoine part à Colombes. De retour à Saint- Flebène après le match qui
a consacré son idole, Dabek Sariéloubal , Antoine constatera à ses dépens que
le beau rêve s’est envolé, que la réalité l’a rattrapé…
Roman qui donne beaucoup plus à analyser que son titre ne
peut le laisser supposer, Le triporteur peut être vu comme une fable sur notre
société, comme une métaphore qui laisse penser que toute fuite, toute
échappatoire à notre environnement quotidien ne peut être que temporaire et
qu’inexorablement, le quotidien quoique l’on fasse sous-tend à revenir. Ce
livre (déniché à cinquante centimes dans une brocante), malheureusement plus
édité pour l’instant, est réellement à découvrir.
(Article initialement publié sur de terres et de mots... le 5
mars 2012)
Note : 8/10
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